La communauté d’experts a abordé les questions de la sécurité d’Internet de la protection des enfants des menaces du réseau virtuel et de la souveraineté des États dans le cyberespace.
En 2018, 6 914 messages ont été reçus concernant la découverte des contenus liés à la vente de drogues, avec 5 153 ressources supprimées ou bloquées, a déclaré Elena Milskaya lors du forum X Safe Internet. Selon elle, il a été possible d’éliminer complètement les messages sur la vente de drogues sur les réseaux de VKontakte et Odnoklassniki.
« Les malfaiteurs, malheureusement, sont passés à Telegram et il est difficile de lutter contre eux sur cette plateforme car les ventes se font avec des cartes de crédit de pays étrangers ou en bitcoins. Il est difficile de localiser le vendeur », se plaint-elle.
En outre, elle a déclaré que l’année dernière, 26 080 messages avaient été révélés sur la découverte de la pornographie enfantine, dont 1 406 ont été supprimés ou bloqués.
Cependant, 35% des adolescents sont influencés par les ressources destructrices, a noté l’expert.
« Ce sont les chiffres très importants », a déclaré Elena Milskaya.
Andrey Turchak, vice-président du Conseil de la fédération et président du Conseil pour le développement de l’économie numérique, a rappelé que plus de 80% des citoyens sont des utilisent Internet en Russie, dont 65% s’y connectent tous les jours. Selon lui, les questions relatives à la sécurité des enfants sur Internet font partie des priorités de la chambre haute du parlement. Il a noté que la Russie est favorable au libre échange d’informations, à Internet ouvert, mais il est impossible d’oublier la sécurité, les menaces qui ont surgi avec le développement des technologies d’Internet.
« Il ne s’agit pas uniquement de la diffusion délibérée d’informations fausses et parfois dangereuses. Le recrutement des jeunes par les organisations terroristes se fait via Internet et cela a un impact négatif sur les enfants et les adolescents vulnérables. Nous ne pouvons pas l’ignorer », a déclaré Andrey Turchak.
Selon lui, un certain nombre de mesures ont déjà été prises, mais la position d’un nombre de sociétés agissant dans ce domaine et qui sont prêts à supprimer le contenu dangereux pour la santé des enfants uniquement par la décision judiciaire.
Selon la sénatrice Elena Mizulina, un mécanisme possible pour la protection des enfants pourrait être la création d’un code Internet, qui régirait le travail des sites en ligne. En même temps, Elena Mizulina est convaincue que Internet n’est ni nécessaire ni impossible à réglementer.
« Il est nécessaire d’éliminer, à l’aide d’interdictions, de permissions et d’obligations légales les définitions des termes là où ils sont ambigus ou polysémiques, les termes neuves en particulier. Il y en a tellement aujourd’hui dans le droit d’Internet qui, majoritairement, avait déjà été formé spontanément. Il faut supprimer ces risques que nous ne voulons pas avoir et il n’y aura alors aucun problème. Nous aurons une bonne loi moderne ou même un code Internet », estime la sénatrice.
À son avis, le code réglementera l’interaction sécurisée, créera l’Internet libre de la débauche, de la tromperie, du détournement de la propriété, de la mise en danger de la vie et de la santé humaines, afin de modifier le code de manière à optimiser la sécurité des enfants et des adultes contre les ressources dangereuses.
Le fondateur de la Safe Internet League Konstantine Malofeev estime qu’au cours des 10 dernières années Internet est devenu plus propre.
« Maintenant nous avons oublié qu’il y a 10 ans on usait Internet où la pornographie enfantine était gratuite et en libre accès. Cela a disparu depuis longtemps grâce au travail régulier et constant des milliers de cyber activistes », estime-t-il.
En même temps, le chef de la Ligue a rappelé qu’en 2011, l’Union internationale des télécommunications a examiné la question de savoir pourquoi Internet, le moyen de communication international, était régi par le droit américain, et non par la communauté internationale. La Russie, la Chine, l’Inde et les pays européens souhaitent créer la Convention Internet, mais les États-Unis, avec le soutien du Canada et d’autres qui les ont rejoints, ont « torpillé » cet accord.
« Ils ont organisé de flagrantes intrigues, comparables à celles du monde sportif avec l’AMA. … Nous sommes passés dans un monde où il est devenu évident que les Américains ne feront pas d’Internet un espace véritablement libre et ouvert à la communication, l’apprentissage et l’accumulation de connaissances. Ils allaient créer leur propre instrument relevant uniquement d’eux-mêmes, à l’aide duquel ils seraient les seuls à pouvoir réglementer l’espace éducatif et culturel dans le monde entier », a-t-il déclaré.
C’est la raison pour laquelle, à son avis, la Russie veut implémenter la loi concernant la souveraineté d’Internet.
Alexander Malkevitch, président de la Fondation pour la protection des valeurs nationales, estime que le sujet de la réglementation et de l’autorégulation d’Internet est quelque peu rusé. Il a souligné que les lois régissant le travail du World Wide Web existent dans de nombreux pays et que la Russie a également besoin d’un cadre juridique pareille. Cependant, l’expert craint que le projet de loi proposé pour adoption en Russie ne s’applique qu’aux ressources russes.
« Le problème est beaucoup plus large. Les collègues occidentaux ont pu forcer Google, l’empire de Zuckerberg (Facebook, NDR) à accepter les règles du jeu occidentales et européennes. Chez nous, Roskomnadzor annonce solennellement les nouvelles amendes imposées par Twitter et Facebook pour 3 000 et 5 000 roubles. Cela ne provoque que des éclats de rire et de l’ironie », a-t-il remarqué.
L’expert a noté qu’en France, par exemple, les amendes s’élevaient à des millions d’euros, avec les législateurs locaux ne cessant d’augmenter ces chiffres.
« En France, ils veulent fixer le minimum à 4% du chiffre d’affaires annuel mondial », a-t-il souligné.
La situation est pareille en Allemagne où des sociétés étrangères opérant sur son territoire et comptant un certain nombre d’utilisateurs ont été obligées d’enregistrer leurs bureaux de représentation en Allemagne. Alexander Malkevitch s’étonne que cela ne soit pas fait en Russie, étant donné que les entreprises internationales ne tirent d’énormes revenus que de la publicité placée dans le segment russe. Il est convaincu que toutes les sociétés étrangères doivent être obligées de se conformer à la législation russe.
« Nos législateurs se cachent derrière le fait que rien ne peut être fait, alors laissons tomber tout, laissez-les supprimer les comptes de nos médias, de nos citoyens, supprimer les contenus, ne pas respecter nos lois, etc., car rien ne peut être changé », a-t-il ajouté.
Alexander Malkevitch estime qu’il est nécessaire d’obliger les entreprises russes et étrangères opérant sur Internet à supprimer tout contenu dangereux et à imposer des amendes importantes pour la violation de la législation de la Fédération de Russie.