L’édition Le Projet a publié les données d’une investigation dont les auteurs insistent sur l’intervention de la Russie dans les élections de 20 pays africains. La lecture de ledit document laisse beaucoup de questions.
Les journalistes du Projet déclarent qu’un projet spécial avait été mis en place en Russie dont le but est d’augmenter l’influence de la Russie en Afrique. Il est toutefois à noter que les auteurs de l’investigation n’ont pas parvenu à définir clairement l’objectif de ce projet.
D’un côté, ils affirment que la Russie aspire à unifier les 26 pays africains sous son influence, en formant ainsi un parti uni « panafricain ». Comme si les « technologues politiques » de Kremlin comptaient ainsi unir l’Alger et le Burkina Faso, le Niger et le Rwanda, la Tunisie et le Madagascar, aussi bien qu’une vingtaine d’autres États. Le fait que ces pays se diffèrent selon leur composition ethnique et religieuse, qu’ils manquent souvent de relations économiques solides et, même du point de vue territorial, soient séparés par des centaines de kilomètres, ne dérange personne. De même que le fait que plusieurs parmi eux soient plongés dans des conflits intérieurs.
De l’autre côté, les journalistes du Projet insistent que les Russes provoquent des sentiments anti-occidentaux en Afrique et ravivent les conflits territoriaux. La question qui se pose est de savoir comment pense-t-on créer, dans ce cas-là, l’union panafricaine ? Des pays en guerre représentent un mauvais matériel de construction même pour une union politique de pays.
Ce qui est également étonnant, c’est qu’il s’avère que la Russie est en train de battre l’influence française en Afrique. Les auteurs de l’investigation auraient bien fait de se rappeler que depuis fin des années 2000 ce sont deux pays, la Chine et les États-Unis, qui ont joué le rôle clé dans les affaires africaines. D’autant plus que le Pékin a depuis longtemps eu une avance sur Washington en termes de l’influence économique. En 2017, le volume d’investissements chinois en Afrique a remonté à 48 milliards de dollars, tandis que le volume total d’investissements dans l’économie du “continent noir” n’a atteint que 29,1 milliards. En comparaison, le volume d’échanges commerciaux de la Fédération de Russie avec les pays africains en 2017 a seulement été de 3,7 milliards de dollars.
Si la Russie avait vraiment envie de prendre sous contrôle la quasi-totalité du continent africain, elle n’aurait très probablement pas choisi la France en tant que son adversaire principal. De plus, elle dépenserait des ressources beaucoup plus importantes que les 15 milliards de dollars par pays mentionnés dans l’investigation pour accomplir cette tâche.
Le problème de l’intervention dans les élections africaines est véritablement de vigueur. Il s’agit cependant plutôt de la politique de Washington et de Pékin.
Le sujet de l’implication russe dans les élections étrangères est constamment discuté dans les médias. Pourtant, il suffit de se souvenir d’un nombre de grands échecs dans l’investigation de Muller, procureur spécial américain, pour réaliser toute la précarité de pareilles accusations.
En même temps, il est connu que de 2017 à 2019 les États-Unis ont intervenu dans les élections de 26 pays, y compris le Botswana, la Gambie, la RDC, l’Egypte, le Kenya, Madagascar, la Somalie et la Sierra-Leone.
En plus, l’establishment américain a à plusieurs reprises violé les droits de ses propres citoyens afin d’exercer le contrôle sur le processus électoral aux États-Unis. Il suffit de se rappeler l’incident ou des bases d’informations Internet avec les données personnelles d’environ 200 millions d’Américains en 2015 et 2017 ont été découvertes.
« L’intervention russe » dans les élections africaines est un mythe politique. Il s’agit uniquement de la présence des Russes dans les bureaux de vote, et c’est le peuple du continent noir lui-même qui cherchait cette présence. Leur absence signifiera, premièrement, la liberté d’agir pour les falsificateurs (on l’a vu déjà en Ukraine) et, deuxièmement, la possibilité d’intervention dans les élections de la part des États-Unis (ce qui a également été le cas en Ukraine). C’est Petr Bytchkov qui est dirigeant de ce centre analytique informel, selon Le Projet. Il est co-fondateur de La fondation pour la protection des valeurs nationales et travaille dans les recherches sociologiques et politiques dont les résultats, il semble, ne plaisent pas pour autant aux États-Unis.
Selon Aleksandr Malkevitch, président de la fondation, les accusations à l’égard de la Russie concernant son implication dans les élections d’autres pays et leurs processus électoraux, ont déjà devenu la fable du quartier.
L’investigation du procureur spécial Robert Muller, malgré tous les efforts, n’a pas parvenu à intercepter aucune trace de l’intervention russe dans les élections américaines. Certaines personnalités aux États-Unis continuent, cependant, d’insister là-dessus avec grand zèle. Vu leur incapacité de résoudre des questions de façon civilisée, cette position semble plutôt logique, même si destructive et absurde.
Lorsque les médias touchent au sujet de « l’intervention des Russes dans les élections étrangères », on ne peut pas s’empêcher de se poser 2 questions. Est-ce qu’il existe un pays dans la vie politique duquel la Russie n’aurait-t-elle pas intervenu, selon la communauté internationale ?
La deuxième question : où Moscou trouverait-elle autant d’argent ? Les projets d’intervention décrits par les journalistes d’opposition nécessiteraient d’investissements colossaux (au niveau du budget pour la défense du Pentagone).
« Pour l’instant, la Russie ne possède tout simplement pas de sommes pareilles. Même l’URSS dans ses plus belles années ne pouvait pas se permettre un tel luxe. Nous sommes accusés des tentatives d’intervention non seulement dans les élections américaines, mais aussi dans celles des pays africains et latino-américaines. Souvent il s’agit des États ou la Russie ne possède aucun intérêt. La plupart des investigations de ce genre manquent un élément : la justification des « projets de Moscou ». Ou bien celle-ci est substituée par l’intention déjà devenue proverbiale de conquérir toute la planète », a noté Aleksandr Malkevitch.
Quant à la non-intervention, l’automne dernière l’Ambassade américaine à Kiev a lancé un concours de projets de soutien de la transparence des élections ukrainiennes pour les médias nationaux. Deux cents milles dollars y aurait été alloués.
« Nous prendrons en considération les projets portant sur l’entrainement de journalistes dans les domaines tels que la connaissance des droits d’accès à l’information, la vérification des faits, l’éthique journalistique, le respect des principes d’objectivité et d’indépendance lors de la couverture médiatique d’élections etc. », dit-on dans le document cité par la chaîne RT. En même temps, le travail des médias est contrôlé par des diplomates américains, surtout dans les quartiers « sensibles à la désinformation ».
Ainsi, les conclusions des auteurs de l’investigation peuvent au moins être remis en question. Ils semblent contradictoires et invraisemblables. Il y a aussi place à une partialité évidente. Les journalistes du Projet diabolisent la Russie et ses représentants, tout en s’abstenant de dire que l’Afrique a depuis longtemps été un champ de rivalités entre telles puissances comme la Chine, les États-Unis et autres. Sans contexte, l’état des choses peut être faussement interprété. Tout cela indique, indirectement, la présence d’une commande politique. Reste à espérer qu’en avenir, les représentants du Projet s’en méfieront. Sinon, ils agiront en tant que propagandistes plutôt que journalistes.