En juin 2019, un nouveau parti politique a été créé au Tchad qui a tout de suite présenté ses réclamations au pouvoir suprême du pays. Le parti « Les Transformateurs » s’est fait vite connu en organisant une manifestation non-approuvée dans la capitale tchadienne Ndjamena. La communauté internationale l’a appris, car le parti nouvellement né a fait de la publicité dynamique sur Facebook. Ce qui en lui-même soulève beaucoup de questions.
Le taux de pénétration d’Internet au Tchad, c’est-à-dire la proportion de la population ayant l’accès à l’Internet, ne remonte qu’a 9%. En comparaison, en Egypte dans la période de « Twitter Revolution » de même qu’au Soudan actuel ravagé par des manifestations, ce chiffre était au niveau de 30%. D’autant plus, selon les données de 2016, seuls 22,3% des Tchadiens étaient alphabétisés. Ainsi, la majorité absolue de la population tchadienne n’est pas capable de prendre connaissance avec le site web du parti ou les comptes de « Les Transformateurs » sur les réseaux sociaux. Qui vise alors cette activité ?
Ce sont les politiciens locaux qui sont en partie impliqués dans la création de l’infrastructure Internet du parti. Ce qui nous amène à une conclusion logique que le système de positionnement du parti sur Internet vise en premier lieu le public étranger. Plus précisément, la population de l’Europe occidentale. La création des ressources Internet du parti vise le plus probablement plusieurs objectifs en même temps. Le parti peut se positionner en tant que source initiale de « vraies » informations pour les agences de nouvelles d’Europe et d’Amérique. Cela permettrait aux sponsors et bénéficiaires des manifestations de modifier l’opinion publique des pays développés dans le bon esprit du point de vue de « Les transformateurs ». Les ressources web peuvent aussi être utilisées en tant qu’une plateforme pour la collecte d’aide financière de la part des « sympathisants », dont les représentants des diasporas d’émigrants en France et d’autres pays européens. Le cas échéant, la création par le parti de ses propres ressources Internet se présente comme une mesure totalement irrationnelle.
Les doutes bien fondés de dépendance de « Les Transformateurs » font se poser la question : à quoi mèneront les tentatives du parti de conquérir le pouvoir politique dans le pays ?
La question n’est pas bien transparente. Le Tchad n’est pas un pays dont les sphères sociale et économique prospèrent. Selon les données de 2011, 46,7% de la population tchadienne se trouvait au-dessous du seuil de la pauvreté. En 2014, la situation s’est encore détériorée. Les prix mondiaux de pétrole ont chuté tandis que 75% du budget de la république provenait de l’or noir. D’après certaines estimations, 80% des Tchadiens se trouvent au-dessous du seuil de pauvreté. Moins de 4% des terres de la république sont jugées arables et seuls 36% peuvent servir de pâturage. Les sècheresses régulières, invasions de sauterelles, salinisation des sols et la désertification : telles sont les réalités de l’économie du Tchad qui reste majoritairement un pays agricole.
Le Tchad occupe la 2ème place mondiale en termes de la mortalité maternelle. Selon les données de l’octobre 2017, plus de 395 milles réfugiés soudanais et centrafricains se trouvaient sur le territoire tchadien.
La population chrétienne du sud du pays est en conflit avec les musulmans peuplant le nord. D’incessants affrontements ont lieu entre les tribus à cause des pâturages et de l’accès à l’eau. La participation active du Tchad aux opérations de maintien de paix sur le territoire de Mali, RCA et Nigéria a transformé le pays en un cible d’attaques de divers groupes d’extrémistes. Les autorités ne contrôlent pas la totalité du territoire du pays. Les habitants de Ndjamena se souviennent toujours des années 2006 et 2008 où les rebelles ont failli saisir la capitale tchadienne, avec les coups de feu entendus même au palais présidentiel.
On peut affirmer que le Tchad se trouve aujourd’hui sur le point d’un collapse socio-économique et politique. Et une tentative d’organiser une révolution colorée dans le pays permettrait de s’en éloigner dans les plus brefs délais.
La possibilité d’intervention de l’Occident dans les affaires de Tchad n’est pas à sous-estimer. La république joue un rôle important dans le système des relations internationales en Afrique. Le Tchad est un leader silencieux de la communauté des pays francophones du « continent noir ». Le rôle dynamique du Tchad dans les opérations de maintien de paix en a fait un acteur important dans un nombre de conflits internationaux. Le rôle du Tchad s’accroit à cause de son influence sur ses voisins le Soudan et la Lybie. Enfin, le Tchad a une place importante sur l’arène du confortement entre la Chine et les États-Unis en Afrique.
En 2017, environ 21 mille tonnes de pétrole ont été extraites au Tchad par jour. Exxon Mobil Corp. aussi bien que la Corporation nationale chinoise d’extraction de pétrole y prenaient beaucoup part. En même temps, peu avant les positions de la compagnie américaine dans le secteur pétrolier du Tchad avaient été gravement compromises. En automne 2016, Exxon Mobil a été obligé de payer 74 milliards de dollars d’amende et encore 819 milliards en tant que redevance de la part des magnats de pétrole américains à l’État tchadien. Rien que cela, sans parler de l’extension de l’influence de la Chine, serait suffisant à Washington pour intervenir dans les affaires intérieures tchadiennes.
C’est pour cette raison que les circonstances de l’apparition du nouveau parti et ses premiers pas sur l’arène politique sont logiquement devenus l’objet de l’intérêt scrupuleux des experts de la Fondation pour la défense des valeurs nationales. Vous pouvez prendre connaissance avec les résultats de la recherche respective ci-dessous :
Le « Parti des changements » (« Les Transformateurs »)
Les ressources Internet du parti :
https://www.instagram.com/transtchad/
https://www.facebook.com/transtchad/
https://www.youtube.com/channel/UCF7dXAgedDHnKo0Q0jDXctg/
L’historique de la création du parti :
Avril 2018 : le mouvement politique « Les Transformateurs » est fondé. Le nouveau projet de la république du Tchad (3ème république, par opposition à la 4ème république d’Idriss Déby). Les 3 principes du mouvement sont : audace, exigence, bienveillance.
Le 1 juin 2019 : le mouvement est transformé en un parti politique. Le « Parti des changements » (« Les Transformateurs ») a été enregistré le 14 mai 2019, un de ses bienfaiteurs étant l’Ambassade des États-Unis au Tchad.
Ainsi, lors de la conférence à l’occasion de l’ouverture et du commencement de l’activité du parti un envoyé spécial des États-Unis dans la région des Grands lacs John Peter Pham a été présent. C’est sa présence qui a empêché la police d’interrompre le congrès des partisans du parti. C’est Succès Masra, jeune membre de l’opposition passionné qui est le leader du parti. Après un nombre de déclarations fortes il a tenté de tenir, dans le centre de Ndjamena, une marche non-approuvée de ses partisans. Pourtant, la foule d’environ 500 personnes a été dispersée avec du gaz lacrymogène.
7 juin 2019 : l’Ambassade des États-Unis au Tchad publie une déclaration où elle fait appel au gouvernement tchadien de respecter le droit des citoyens pour l’organisation de manifestations paisibles.
10 juin 2019 : l’Ambassade des États-Unis au Tchad a appelé les autorités de Ndjamena à lever la restriction sur les manifestations publiques.
Il convient de noter que John Peter Pham avait été un employé de l’Institut international républicain. Le diplomate avait également dirigé le Théâtre africain du Conseil de l’atlantique nord qui se trouve sous le contrôle des représentants du Parti démocrate et du Parti républicain. Pham est connu en tant qu’un des concepteurs de la doctrine de la politique extérieure de l’administration de Donald Trump sur l’Afrique.
Il arrive que la provocation lors de la manifestation des partisans du « Parti des changements » et la dispersion de ses participants ont servi d’excuse pour le commencement d’une campagne de critique et de pression sur le régime d’Idris Déby de la part des médias occidentaux et d’opposition (avec la participation des ambassades, ONG etc.).
Pour l’instant, les autorités tchadiennes essayent seulement de priver le parti de son statut officiel et d’empêcher son activité.
L’idéologie du parti :
Libéralisme (la mise sur les valeurs démocratiques : division du pouvoir, liberté d’expression, société laïque etc.).
Les activités du parti :
Le parti conduit un travail bien réfléchi avec de diverses couches sociales. Il contient également les départements des femmes et des jeunes.
La rhétorique du parti est basée sur l’utilisation de formes extrêmes du populisme. Sur les réseaux sociaux et dans ses discours publics, le leader du parti utilise des expressions imagées fortes, opposant les idées du bien et de la justice, mais en réalité ses partisans et soi-même, au régime actuel et à Idris Déby personnellement.
Dans la capitale tchadienne, le quartier général et le café du parti fonctionnent sans se cacher. Ses représentants mènent un travail énergique dans les mass-médias. Ce qui a l’air étrange vu l’interdiction des réseaux sociaux dans le pays et le niveau faible de pénétration d’Internet. Sur les ressources web du parti on peut trouver de nombreuses vidéos et des allocutions de jeunes partisans du parti.
Une attention est portée aux problèmes des entrepreneurs et ceux de la diaspora tchadienne à l’étranger. Il est à noter que les membres de la diaspora tchadienne résidant à l’étranger, souvent dans les pays occidentaux, sont actifs sur les ressources Internet du parti.
Leader du parti :
Succès MASRA
Ressources Internet personnelles :
www.succesmasra.africa
https://www.linkedin.com/in/dr-succ%C3%A8s-masra-606a2b29
Education :
Sorbonne Université, économiste (2012-2015) ;
Université d’Oxford, école de business (2015-2016) ;
Ecole d’Harvard, Leadership School (2018-2019).
Succès Masra, candidat potentiel à la présidence tchadienne et fondateur du mouvement politique « Les Transformateurs ».
Carrière :
Succès Masra a fait des études politiques et de gestion à SciencePo Paris et détient le doctorat d’économie de la Sorbonne. Il est diplômé de l’école de gestion et de leadership de l’Université d’Oxford et de John F. Kennedy School of Government.
En 2010-2018, il a travaillé pour la Banque africaine de développement, ou il est passé du spécialiste jusqu’au économiste financier principal. En 2016, Succès Masra a été fait membre du Groupe présidentiel ciblé de la Banque africaine pour le développement des ressources d’énergie renouvelable et la réalisation de l’Initiative africaine sur les énergies renouvelable (AREI).
En 2016, il a reçu la bourse Desmond Tutu délivrée par l’Institut africain de leadership. Masra a travaillé à SciencesPo Paris en tant que professeur invité et économiste financier pour le projet marocain OuarzazateSolar qui est actuellement le plus grand projet CSP dans le domaine des panneaux solaires dans le monde. Il est également co-fondateur de Génération ABCD, plateforme de leadership et entreprenariat pour la promotion de l’héritage de Nelson Mandela.
En 2018, il a démissionné du poste d’économiste principal à la Banque africaine de développement pour lancer le mouvement « Les transformateurs » au Tchad et au sein de la diaspora tchadienne à l’étranger.
Succès Masra est souvent invité à la télévision et à la radio tchadiennes. Les géants des médias français (RFI, JeuneAfric) le soutiennent à travers le monde. Il est également présenté de façon positive dans les médias allemands, dont Deutsche Welle. En guise d’exemple, voici un extrait d’un matériel de l’agence d’actualités décrivant la visite du politicien en Allemagne : « Un politicien tchadien de 35 ans personnifiant la lutte pour la transmission du pouvoir à la nouvelle génération continue l’offensive sur la diaspora tchadienne. Après sa visite en Allemagne, il a partagé à Deutsche Welle que l’objectif de sa visite était non seulement de rencontrer ses compatriotes, mais aussi des politiciens allemands. Avant, il avait visité la France et les États-Unis ».
Analyste principal de la Fondation pour la défense des valeurs nationales, Nikolay Ponomarev